avril 26, 2024 10:12 AM

L’économie canadienne mise en péril.

Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, s'est exprimé hier devant le Global Risk Institute. Avertissant que plusieurs défis restent à relever pour la reprise économique du Canada, M. Macklem a souligné la vulnérabilité des entreprises et des ménages surendettés qui pourraient ne pas être en mesure de faire face à leurs obligations d'emprunt dans un avenir proche, ainsi que les risques supplémentaires à long terme que pose la réponse à COVID-19.

/ Publié le octobre 14, 2020

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S’exprimant hier au Global Risk Institute, le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a averti que l’économie canadienne allait être soumise à des tests, malgré le rapide rebondissement après l’impact initial de COVID-19.

En particulier, Macklem a noté que les prochains mois seront particulièrement importants pour la santé financière du pays. Avec la reprise après l’impact initial qui s’est stabilisée à des niveaux inférieurs à ceux d’avant la pandémie, et les mesures d’aide qui sont maintenant retirées, les ménages et les entreprises du Canada risquent de ne pas pouvoir rembourser leurs dettes.

Le sous-emploi pose un risque de défaillance hypothécaire à court terme

Parmi les réponses d’aide aux ravages de COVID-19, les banques ont permis de différer les paiements des dettes. Dans le cas des prêts hypothécaires aux ménages, jusqu’à six mois de paiements différés ont été mis à disposition. Mais aujourd’hui, alors que nous arrivons à la fin de cette période de grâce et que l’emploi n’a pas complètement repris, il y a un risque élevé que de nombreux ménages soient en défaut de paiement sur leurs prêts hypothécaires dans les mois à venir.

Ce qu’il est important de noter ici, c’est que les taux de chômage couramment cités peuvent être trompeurs pour évaluer la santé des revenus des ménages canadiens. La raison en est que de nombreuses personnes ont été exclues de la population active officielle. Cela est dû à leur incapacité à rechercher activement un emploi, en raison des mesures de verrouillage et d’éloignement imposées pour lutter contre la COVID-19. Le chiffre officiel du chômage sous-estime encore davantage le préjudice économique en ne tenant pas compte du grand nombre de personnes qui ont perdu une partie importante de leurs heures de travail et de leurs revenus, mais qui sont toujours comptabilisées comme employées.

Un chiffre révélateur à cet égard provient de Statistique Canada, qui publie des estimations sur la sous-utilisation de la main-d’œuvre. Ces estimations incluent également les personnes qui ont été exclues de la population active ou qui ont travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles en raison de circonstances indépendantes de leur volonté ; les personnes qui ne sont pas comptabilisées dans le taux de chômage officiel.

Bien que le taux de sous-utilisation ait chuté par rapport au pic post-pandémique, il se stabilise maintenant à environ le double du taux observé avant la COVID-19. Actuellement, à 20,3 %, cela représente 9 % supplémentaires de la population active totale par rapport aux 11,2 % de février.

L’augmentation du taux de chômage de longue durée – le chômage de courte durée est plus facilement amorti par l’épargne et le réemprunt – aggrave encore les problèmes de chômage et les difficultés potentielles de l’économie canadienne, en particulier chez les travailleurs des secteurs les plus touchés par la COVID-19.

Il en résulte un risque accru d’augmentation des arriérés de paiement des prêts hypothécaires. Comme les délais de remboursement des prêts hypothécaires expirent dans un climat de sous-emploi de longue durée, la pression exercée sur le budget des ménages canadiens peut s’avérer insoutenable pour certains.

L’augmentation des niveaux d’endettement des consommateurs pourrait aggraver les inquiétudes de l’économie canadienne

Alors que le niveau d’endettement des ménages en proportion des revenus a diminué au cours du deuxième trimestre, plusieurs facteurs ont artificiellement manipulé cette statistique. Le plus significatif est la surcompensation des mesures de soutien du gouvernement fédéral, qui a curieusement vu les revenus disponibles des ménages augmenter de 10,8%, malgré l’énorme perte de travail subie dans tout le pays.

Cette augmentation a été favorisée par la baisse des taux d’emprunt non hypothécaires, principalement due à la fermeture des secteurs de la vente au détail et de l’hôtellerie.

Dans le même temps, cependant, le bilan hypothécaire national a augmenté, passant de 1,47 trillion au deuxième trimestre 2019 à 1,55 trillion au deuxième trimestre de cette année, et le potentiel d’augmentation est élevé. Actuellement, la faiblesse record des taux d’intérêt risque d’alimenter le surendettement sur le marché immobilier, ce qui pourrait poser problème si le gouvernement n’est pas prêt à se mettre du mauvais côté du lobby du logement et à introduire des mesures pour freiner la spéculation.

Une pression supplémentaire à la hausse sur les taux d’emprunt provient également du niveau actuel des lignes de crédit sur valeur nette immobilière non exploitées (HELOC) qui donnent aux ménages des moyens peu coûteux d’accéder à des liquidités. Sur la base de données réglementaires, la banque centrale estime qu’environ 310 milliards de dollars de crédits supplémentaires sont facilement accessibles aux ménages à court d’argent. Un crédit qui peut être utilisé par ceux qui n’ont pas suffisamment d’épargne pour faire face au chômage de longue durée.

Le risque est d’autant plus grand si une déflation des actifs sous-jacents garantissant la dette du pays devait se produire à l’avenir, ce qui n’est pas un scénario improbable. L’économie étant actuellement soutenue par des mesures de relance et par un crédit facile, les prix du logement sont de moins en moins corrélés avec les données économiques fondamentales. On ne sait pas si cette situation peut être maintenue tout au long de la période de reprise.

Le risque à long terme sera le véritable test de l’économie canadienne

La Banque du Canada a fait en sorte que de l’argent facile soit disponible pour la récupération de COVID-19. Un assouplissement quantitatif important et des indications extraordinaires selon lesquelles les taux d’intérêt seront très bas ont permis de garantir la circulation du crédit facile.

Mais ces mesures ne peuvent à elles seules empêcher l’effondrement de l’économie. La reprise complète prendra beaucoup de temps et de nombreux risques subsistent. Le plus grand risque, bien sûr, vient de la pandémie elle-même. Sans prévisions claires quant à son évolution, ni certitude quant à la possibilité d’un vaccin, elle reste une grande inconnue.

Il y a aussi le risque supplémentaire que représentent les futurs événements économiques défavorables. En temps normal, une récession ou une catastrophe naturelle de grande ampleur peut être absorbée de la même manière que la dévastation économique du COVID l’a été. Mais les mesures mises en place par la Banque du Canada et le gouvernement fédéral repoussent déjà les limites de ce qui est durable, laissant peu de marge de manœuvre pour faire face à toute crise qui aggraverait la crise actuelle.

Les entreprises sont tout aussi menacées

La banque centrale a également identifié la pression croissante à laquelle sont soumises les entreprises comme un facteur de risque. Déjà, certaines entreprises éprouvent des difficultés à faire face aux remboursements fixes qui arrivent à échéance en raison de la baisse considérable de leurs revenus. Cette situation est particulièrement prononcée dans tous les secteurs probables de l’économie – alimentation, logement et loisirs – mais aussi dans certaines parties du secteur des produits de base.

Selon la banque, plus la pandémie dure longtemps, plus le risque que les problèmes de trésorerie à court terme se transforment en problèmes de solvabilité est élevé.

Il s’agit d’une mise en garde contre les risques, et non d’une prévision

Malgré le caractère sombre de ces données, il ne s’agit pas d’une prévision de l’avenir ; il s’agit simplement d’un avertissement sur les difficultés potentielles de l’économie canadienne. Tant que la crise sanitaire ne se transforme pas en quelque chose de bien pire que ce que nous imaginons et qu’il n’y a pas d’autres événements économiques négatifs, la voie à suivre est relativement claire. Longue et peut-être un peu inconfortable, oui, mais, tant que l’emploi finit par se rétablir, ce n’est certainement pas insupportable.

(Image présentée par Daniel Joseph Petty via Pexels)

AVERTISSEMENT : Le présent article a été traduit de CAStocks.org par un contributeur tiers et ne reflète pas l’opinion de CAStocks, de sa direction, de son personnel ou de ses associés. Veuillez consulter notre clause de non-responsabilité pour plus d’informations.

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