mars 28, 2024 11:12 PM

La politique canadienne est divisée sur l’exploitation minière pour les batteries, mais nous ne sommes pas seuls

Alors que les échanges climatiques et la transition énergétique s'accélèrent, la vague verte rencontre quelques accrocs politiques. Notamment l'inadéquation de l'extraction et du raffinage actuels des métaux des batteries nécessaires pour soutenir les véhicules et les infrastructures électriques, avec les inquiétudes croissantes du Canada et des États-Unis quant à la mainmise de la Chine, l'élection de l'exploitation des terres rares au Groenland, les débats ont lieu partout, même au fond des mers.

/ Publié le avril 15, 2021

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Alors que les gouvernements du monde entier luttent contre la crise sanitaire et économique de la pandémie, la crise climatique continue de se profiler à l’arrière-plan. Les gouvernements et les entreprises s’efforcent de trouver le juste milieu entre écologie et économie, et se heurtent à de sérieux obstacles politiques. L’un d’eux concerne les éléments constitutifs de la révolution environnementale que beaucoup espèrent ou sur lesquels ils parient : les métaux pour batteries et autres minéraux de terres rares.

S’il est facile de pointer du doigt les technologies qui ont exacerbé le changement climatique, celles qui visent à le renverser n’en sont souvent qu’à leurs débuts, surtout en tant qu’industrie. Ces industries connaissent des difficultés de croissance et pourraient bien en connaître d’autres, car les ressources deviennent à la fois plus rares et plus importantes. Des tensions apparaissent déjà autour de ces minéraux de terres rares et d’autres métaux de batterie, et pas seulement entre les plus grandes puissances. Du Groenland au fond des océans, la bataille pour les métaux qui alimenteront l’avenir se réchauffe, tout comme notre planète.

Métaux de batterie et exploitation minière des terres rares : de quoi s’agit-il ?

Toute personne qui suit l’actualité minière sait déjà tout sur ces prix insaisissables, mais les quelques lecteurs qui ne connaissent pas ces ressources naturelles cruciales se demandent peut-être pourquoi les métaux sont si importants tout d’un coup. Et ils ont de bonnes raisons de le faire, car les industries extractives de ressources ne sont plus sous les feux de la rampe depuis un certain temps, et beaucoup ont même connu des décennies d’infamie. Connue autant pour ses bassins de décantation polluants et son exploitation minière à ciel ouvert que pour son importance pour la société moderne, l’industrie minière est un héros improbable de la révolution environnementale, et pourtant il est de plus en plus évident qu’elle doit le devenir.

Tout d’abord, il est important de faire la distinction entre les deux : les minéraux de terres rares sont définis (vous l’aurez deviné) par leur rareté sur la planète, et s’ils sont nombreux à être impliqués de manière tangentielle (ou microscopique) dans de nombreux appareils électroniques grand public, le pourcentage n’est pas beaucoup plus élevé dans les véhicules électriques (VE). Les métaux de batterie, quant à eux, sont essentiels à la production des VE car ils sont des composants de base comme le cobalt, le lithium ou même le cuivre, mais ils ne sont pas aussi rares (bien qu’il soit difficile de les récupérer). Les deux ont des problèmes de chaîne d’approvisionnement et sont importants dans le cadre de la modernisation de nos économies, y compris les efforts pour les rendre plus “vertes”.

Ils sont également tous deux au cœur de nombreux débats et luttes politiques, car leur récupération est à la fois coûteuse et cruciale. Des luttes et des tensions que le Canada n’a certainement pas pu éviter.

Les entreprises canadiennes au cœur du débat politique sur l’exploitation des terres rares et des métaux de batterie

Le Canada a longtemps occupé une position forte dans le domaine des industries extractives. Qu’il s’agisse d’or et d’argent ou de pétrole et de sables bitumineux, le pays est riche en ressources naturelles et en entreprises spécialisées dans leur récupération. Pourtant, à mesure que la nation devient plus consciente de l’environnement, ces modèles commerciaux sont moins attrayants pour les Canadiens. L’action publique a permis de révoquer une mesure qui aurait ouvert certaines parties des Rocheuses à l’exploitation du charbon, par exemple.

Mais aujourd’hui, le gouvernement est dans une impasse, car il souhaite également investir massivement dans le marché des VE, en positionnant le pays comme un leader et un fournisseur mondial. Il a dépensé des fonds importants pour aider Ford et d’autres grandes entreprises automobiles à préparer leurs usines à la production de VE, mais n’a pas pris suffisamment de mesures pour garantir un approvisionnement régulier des matériaux nécessaires. C’est pourquoi les fournisseurs ont demandé au gouvernement canadien d’élaborer un plan global pour protéger ces chaînes d’approvisionnement. Mais le gouvernement est coincé entre deux pressions aussi importantes l’une que l’autre exercées par le mouvement environnemental : les besoins actuels et les impacts futurs.

Malheureusement, cela conduit le plus souvent à la paralysie des décideurs, ce qui signifie le maintien du statu quo, qui dans ce cas signifie souvent la dépendance à l’égard des fournisseurs chinois.

La Chine continue de dominer dans l’exploitation des terres rares et des métaux pour batteries, ce qui donne des sueurs froides aux autres pouvoirs politiques

La Chine avait déjà une avance considérable dans la course aux minerais de terres rares, en raison d’importantes réserves naturelles. Mais le gouvernement et ses entreprises d’État ont fait un travail remarquable en accumulant à la fois des réserves stratégiques et un accès aux sources d’approvisionnement mondiales. Ils sont notamment intervenus pour fournir (financer) des infrastructures dans de nombreuses nations africaines (dont la République démocratique du Congo, très touchée par les conflits et le cobalt). Il est maintenant de plus en plus évident qu’ils ont une longueur d’avance dans la conquête de ces minéraux et ressources cruciales, sans doute parce qu’ils jouissent d’un plus grand contrôle, et d’une contestation moins démocratique, sur leurs décisions d’investissement.

C’est maintenant au tour des États-Unis de commencer à se pencher sur une plus grande accumulation des ressources, ou du moins sur l’intégrité de la chaîne d’approvisionnement. Après tout, même si les mines du Nevada sont ouvertes à l’exploitation, s’il n’y a pas de capacité américaine ou nord-américaine de traitement et de raffinage, elles pourraient bien finir par être expédiées en Chine de toute façon. Ce n’est pas l’indépendance dont rêvent ou que réclament de nombreux industriels.

Mais il n’y a pas que les grandes nations minières qui se débattent avec la politique d’exploitation des terres rares pour les batteries

Cette semaine, nous avons pu voir un autre exemple de ce conflit se dérouler à une heure de grande écoute… enfin, si vous étiez dans l’Arctique. Sinon, vous n’avez peut-être pas entendu parler des élections anticipées au Groenland qui se sont terminées cette semaine, mardi, par la victoire surprise de l’opposition. Le parti Inuit Ataqatigiit, soutenu par la coalition vert-gauche, a triomphé du parti régnant Siumut, dont le gouvernement s’était effondré à la suite de la décision d’autoriser des projets controversés d’exploitation de terres rares et d’uranium.

En particulier, le projet Kvanefjeld (soutenu principalement par la Chine et l’Australie), une mine à ciel ouvert qui mettrait en péril l’écosystème fragile et la beauté naturelle austère de la région. Alors que le précédent parti au pouvoir soutenait que cette mine et d’autres projets similaires étaient essentiels à la progression vers la sécurité financière et l’indépendance vis-à-vis du Danemark, ses arguments n’ont pas réussi à convaincre une majorité mardi, et l’avenir du projet est désormais incertain.

Ce n’est que le dernier d’une liste de plus en plus longue de projets miniers qui se heurtent à des obstacles politiques et, bien qu’ils ne soient pas toujours motivés par des raisons environnementales, il existe clairement une tension croissante entre les enjeux économiques et les enjeux démocratiques. Mais l’opposition ne passe pas toujours par les partis au pouvoir, les entreprises se chargent parfois de décourager des pratiques qu’elles craignent de voir impopulaires auprès de leurs consommateurs.

L’exploitation minière des grands fonds marins (pour fabrication de batteries ) se heurte à l’opposition de l’opinion publique :

Une idée innovante pour aider à résoudre le problème d’approvisionnement, avancée par un ensemble ambitieux d’ entreprises canadiennes (entre autres), consiste à récolter certains de ces matériaux dans les fonds marins. Notamment des “nodules” qui “traînent” au fond de l’océan, mais qui sont censés être riches en cobalt et autres métaux et minéraux essentiels.

Alors que les sociétés de prospection présentent ce type d’exploitation comme une manne environnementale sans les dangers environnementaux de l’exploitation à ciel ouvert, beaucoup s’inquiètent, sans surprise, des dangers potentiels pour les fonds marins. Ces fonds abritent également des écosystèmes fragiles et mal connus et, même s’ils sont hors de vue et donc hors de l’esprit, endommager une partie de la planète pour en sauver une autre n’est guère une solution.

Cependant, comme les zones concernées sont loin de la juridiction d’un gouvernement particulier, la bataille doit se dérouler à l’échelle internationale. Et si cela implique des recherches minutieuses et la rédaction de lignes directrices par des organismes de réglementation tels que l’ISA (Autorité internationale des fonds marins), le processus est toujours soumis à une sorte de contrôle démocratique.

L’impact de l’opinion publique sur le sujet a été si lourd et si négatif que de nombreuses grandes entreprises ont déjà pris le train en marche en déclarant qu’elles n’utiliseraient aucun matériau issu du processus tant que l’impact n’aurait pas été pleinement compris. Le groupe, qui comprend Google, BMW, Samsung SDI et d’autres, ne s’engage peut-être pas encore à interdire l’utilisation de ces matériaux, mais leur tentative préventive de rassurer leurs clients sensibles à l’environnement montre que le pouvoir de l’opinion publique ne se limite pas aux urnes.

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(Image en vedette par Sam via Flikr)

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