avril 25, 2024 2:07 PM

La Banque du Canada suscite un débat politique.

Les conservateurs et les libéraux s'affrontent sur le rôle de la Banque du Canada dans la reprise de Covid-19. En tant que principal acheteur de la dette publique, ils financent effectivement une grande partie des mesures de relance budgétaire et du filet de sécurité qui, selon le gouvernement, maintiennent l'économie à flot, tandis que l'opposition s'inquiète des conséquences à long terme. Voyons ce que les preuves récentes peuvent nous éclairer.

/ Publié le octobre 16, 2020

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Pierre Poilievre a fait les gros titres cette semaine en critiquant la banque centrale qui est devenue un “guichet automatique” pour les dépenses de Trudeau. Le porte-parole financier et législateur conservateur a clairement exprimé sa désapprobation quant au soutien continu de la Banque à ce qu’il considère comme des dépenses gouvernementales imprudentes. Pourtant, la Banque du Canada est depuis longtemps fière de son indépendance, et peu de gens peuvent nier son rôle crucial dans la reprise.

Entraîner la Banque du Canada dans les questions politiques entourant la reprise économique n’est peut-être qu’un pas de plus dans la danse politique soigneusement orchestrée qui prend forme au Canada. Les principaux partis se positionnent en faveur de la reprise (bien sûr), mais diffèrent sur la manière de la réaliser. Si les idéologies jouent certainement un rôle important dans leurs prises de position, nous préférons examiner les faits.

Comment se porte la Banque du Canada, et commençons-nous à voir des progrès prometteurs dans ses mesures, ou des signaux inquiétants dans son comportement ? Mais tout d’abord, examinons rapidement leurs arguments.

Le débat porte autant sur la posture et l’idéologie que sur la politique

Les conservateurs prennent une mesure inhabituelle en ciblant directement la banque centrale, mais ils semblent essayer de faire pression sur elle pour qu’elle freine les dépenses de Trudeau. On peut aussi y voir un moyen de détourner le débat des dépenses elles-mêmes (ce qui pourrait nécessiter de critiquer l’aide populaire à la relance) et de l’orienter vers ses effets à long terme.

Ici, Poilievre semble être sur son terrain, discutant des déficits, de l’assouplissement quantitatif et, bien sûr, de l’inévitable inflation. L’argument est assez simple, la banque soutenant les dépenses publiques, le pays imprime effectivement de l’argent, ce qui conduira invariablement à l’inflation. L’inflation, à son tour, sapera la reprise, réduira les dépenses, sabotera l’investissement et, de manière générale, fera des ravages. C’est un principe idéologique cher aux politiciens et aux économistes conservateurs, et il a été utilisé comme argument pour faire régner les dépenses publiques bien avant la pandémie.

En attendant, la riposte du gouvernement est tout aussi simple : les dépenses sont une bouée de sauvetage nécessaire pour maintenir le fonctionnement de l’économie, éviter de faire chuter la demande et encourager la reprise. Lorsque l’économie fonctionne à un niveau bien inférieur à son potentiel, le fait de la stimuler par des injections ne fera pas de mal à l’inflation. Mieux encore, cela permettra de faire les dépenses nécessaires pour éviter que les Canadiens ne souffrent deux fois plus de la pandémie. Bien qu’il s’agisse également d’une mesure politique soigneusement calculée.

Il ne fait aucun doute que ces deux arguments ont un certain mérite, et même les conservateurs sont réticents à s’attaquer à de nombreux efforts de relance dont la principale critique populaire a été de dire qu’il y avait trop peu, et non pas trop d’aide.

Que dit la Banque centrale du Canada ?

La Banque du Canada, sans surprise, fait de son mieux pour rester en dehors du débat politique, en ne faisant, dès la publication, aucune déclaration officielle en réponse. Jusqu’à présent, elle s’en est tenue à ses principes, réaffirmant son engagement à cibler l’inflation (son objectif nominal). Elle a souligné que la nécessité d’acheter la dette publique est tout autant motivée par des objectifs de stabilité que de reprise.

Si la banque centrale du Canada ne le fait pas, soulignent les économistes, les dépenses publiques pourraient alors commencer à faire monter les taux d’intérêt. Le fait que les emprunts privés soient évincés par les emprunts publics pourrait nuire davantage à la reprise, et pourrait également contribuer à manquer les objectifs en matière d’inflation. Ils considèrent que leur rôle est encore simple, même s’il est encore compliqué par la crise grave et sans précédent. Mais il en va de même pour tout le monde.

Il est clair que nous devrons regarder au-delà des chamailleries des politiciens et des banquiers à la langue bien pendue, et examiner les données pour voir si les inquiétudes des conservateurs sont fondées et si les dépenses publiques fonctionnent.

Que disent les données sur le rôle de la banque centrale dans la reprise ?

Tout d’abord, si nous examinons les dernières nouvelles de la banque centrale elle-même, il semble qu’ils voient une reprise assez prometteuse à l’horizon. Cette semaine, elle a continué à resserrer les conditions de la reprise et à réduire certaines des mesures extrêmes prises au début de la crise pour maintenir la solvabilité des Canadiens. Ils ont souligné que ces politiques n’étaient plus désespérément nécessaires, la reprise prenant de l’ampleur, notamment en ce qui concerne les liquidités financières.

Leur argument semble toutefois s’appuyer sur le plan de dépenses actuel du gouvernement. Notamment lorsque Ian Pollick, de la Banque Canadienne Impériale de Commerce, a affirmé que “l’assouplissement quantitatif et la politique non conventionnelle doivent s’adapter à cette réalité”. Il semblait, sinon pencher vers la perspective conservatrice, du moins mettre en garde le gouvernement à l’approche de son prochain grand projet de loi de relance.

Cela dit, les politiques semblent avoir fonctionné, et il est très peu probable que l’on tire le tapis complètement. Nous pouvons voir leur effet sur le taux d’insolvabilité, qui est en fait à son plus bas niveau depuis 1997; en contraste total avec le retournement de conjoncture et les taux de chômage élevés, ce dont les Canadiens peuvent certainement remercier le gouvernement. L’aide d’urgence au revenu a permis de maintenir des millions de têtes hors de l’eau.

Les Canadiens ordinaires semblent certainement désireux de recevoir davantage d’aide, et les grandes entreprises ne sont pas loin derrière. Le gouvernement a aidé le grand constructeur automobile Ford Canada grâce à d’intenses négociations avec les syndicats, en promettant et en débloquant des millions de dollars de fonds fédéraux et provinciaux. Maintenir les emplois et les usines en activité, ainsi qu’orienter l’industrie automobile vers une plus grande durabilité, est un objectif noble, et à en juger par le fait que d’autres Fiat Chrystler semblent être les prochains à suivre, la politique est réussie et populaire.

Qu’en est-il de l’impact à long terme de l’assouplissement de la Banque du Canada ?

Le principal argument des conservateurs ne concerne toutefois pas le court terme ou l’immédiat, mais l’impact à long terme d’un comportement “imprudent”. Malheureusement, les conséquences à long terme sont difficiles à voir à court terme. Il existe quelques indicateurs que nous pouvons examiner.

Tout d’abord, le taux d’inflation, ce croque-mitaine conservateur, a été jusqu’à présent bien inférieur à celui des années précédentes. Il a même été négatif au plus fort de la pandémie, et est resté bien en dessous de 1 % depuis. C’est loin des 2 % visés par la banque centrale. Et ce, malgré la reprise qui s’amorce, ce qui est un bon signe que les politiques de la Banque du Canada fonctionnent jusqu’à présent.

Il n’existe évidemment pas de prévision parfaite, mais une chose est sûre : les responsables politiques ne feront probablement que débattre davantage de la question au fil du temps. Espérons qu’ils ne se focaliseront pas sur l’idéologie, mais sur les conséquences de leurs décisions sur les Canadiens ordinaires et les entreprises canadiennes.

(Image présentée par Taxiarchos228 via Wikimedia Commons)

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