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Introduction

La démence est un trouble neurodégénératif qui affecte progressivement les fonctions cognitives, y compris la mémoire, le langage, la pensée et le comportement. Parmi les nombreuses difficultés que rencontrent les personnes atteintes de démence, la dysphagie, c’est-à-dire la difficulté à avaler, est un problème courant et potentiellement grave. Cette difficulté à avaler peut avoir des conséquences importantes sur la nutrition, l’hydratation et la sécurité alimentaire des personnes atteintes de démence, augmentant le risque de déshydratation, de malnutrition et de complications respiratoires.

Comprendre les mécanismes physiologiques de la déglutition et les liens avec la démence est essentiel pour identifier les facteurs contributifs à la dysphagie et mettre en place des stratégies de prise en charge adéquates. Cet article explorera les raisons pour lesquelles les personnes atteintes de démence ont du mal à avaler de la nourriture, en examinant les aspects neurologiques, musculaires et sensoriels de la déglutition, ainsi que les implications pour la santé et le bien-être des personnes concernées.

La déglutition ⁚ un processus complexe et coordonné

La déglutition, ou l’acte d’avaler, est un processus complexe qui implique la coordination de plusieurs muscles et nerfs. Elle peut être divisée en quatre phases distinctes ⁚

1. Phase orale ⁚ Cette phase commence lorsque la nourriture est placée dans la bouche. La langue la manipule et la mélange à la salive, formant un bol alimentaire. La langue pousse ensuite le bol alimentaire vers l’arrière de la bouche, vers le pharynx.
2. Phase pharyngée ⁚ Lorsque le bol alimentaire atteint le pharynx, la langue se soulève contre le palais, fermant le passage nasal. Le voile du palais se relève pour empêcher la nourriture de remonter dans les fosses nasales. La contraction des muscles pharyngés propulse le bol alimentaire vers l’œsophage.
3. Phase œsophagienne ⁚ Le bol alimentaire traverse l’œsophage, un tube musculaire qui relie le pharynx à l’estomac. Les contractions musculaires de l’œsophage propulsent le bol alimentaire vers l’estomac.
4. Phase gastrique ⁚ Une fois le bol alimentaire arrivé dans l’estomac, il est digéré par les sucs gastriques.

La coordination de ces phases est essentielle pour une déglutition efficace. Le système nerveux central, notamment le tronc cérébral, joue un rôle crucial dans le contrôle et la coordination des muscles impliqués dans la déglutition. Des lésions ou des dysfonctionnements du système nerveux central peuvent donc perturber le processus de déglutition et entraîner une dysphagie.

Les liens entre la démence et la dysphagie

La démence, en particulier la maladie d’Alzheimer, affecte le système nerveux central, y compris les régions cérébrales impliquées dans la déglutition. Les changements neurologiques associés à la démence peuvent perturber la coordination musculaire, la perception sensorielle, la cognition et la capacité à contrôler les mouvements volontaires. Ces perturbations peuvent se traduire par des difficultés à avaler de la nourriture, ce qui entraîne une dysphagie.

Les mécanismes neurologiques de la dysphagie dans la démence

La démence peut affecter le processus de déglutition de plusieurs manières ⁚

• Altération de la coordination musculaire ⁚ La démence peut affecter les connexions neuronales qui contrôlent les muscles impliqués dans la déglutition. Cela peut entraîner une faiblesse musculaire, une incoordination des mouvements et une difficulté à contrôler le bol alimentaire dans la bouche et le pharynx.
• Réduction de la sensibilité buccale ⁚ Les personnes atteintes de démence peuvent présenter une diminution de la sensibilité buccale, ce qui peut affecter leur capacité à sentir la nourriture dans leur bouche, à la mâcher correctement et à déclencher le réflexe de déglutition.
• Troubles cognitifs ⁚ La démence peut affecter la capacité à comprendre les instructions, à se souvenir des étapes de la déglutition et à planifier les mouvements nécessaires pour avaler. Cela peut rendre difficile la déglutition, en particulier pour les aliments plus complexes ou nécessitant une mastication plus importante.
• Altération du réflexe de déglutition ⁚ La démence peut affecter le réflexe de déglutition, qui est un mécanisme automatique qui propulse le bol alimentaire vers l’œsophage. Un réflexe de déglutition affaibli peut entraîner une stagnation de la nourriture dans la bouche ou le pharynx, augmentant le risque d’aspiration.

Les conséquences de la dysphagie chez les personnes atteintes de démence

La dysphagie chez les personnes atteintes de démence peut avoir des conséquences importantes sur leur santé et leur bien-être ⁚

• Malnutrition ⁚ La difficulté à avaler peut empêcher les personnes atteintes de démence de manger suffisamment pour répondre à leurs besoins énergétiques et nutritionnels. Cela peut entraîner une perte de poids, une faiblesse musculaire, une fatigue et une diminution de l’immunité.
• Déshydratation ⁚ La difficulté à avaler peut également rendre difficile la consommation de liquides, augmentant le risque de déshydratation. La déshydratation peut entraîner des problèmes de santé graves, tels que la confusion, la constipation et les infections urinaires.
• Aspiration ⁚ La nourriture ou les liquides peuvent être aspirés dans les poumons si le réflexe de déglutition est affaibli ou si la coordination musculaire est compromise. L’aspiration peut entraîner une pneumonie d’aspiration, une infection pulmonaire grave qui peut mettre la vie en danger.
• Perte d’autonomie ⁚ La dysphagie peut réduire l’autonomie des personnes atteintes de démence, les rendant dépendantes des autres pour s’alimenter. Cela peut entraîner de la frustration, de la détresse émotionnelle et un sentiment de perte de contrôle.
• Risque accru de complications ⁚ La dysphagie peut augmenter le risque de complications telles que les escarres, les infections, les problèmes cardiaques et les troubles respiratoires.

Diagnostic et prise en charge de la dysphagie chez les personnes atteintes de démence

Le diagnostic de la dysphagie chez les personnes atteintes de démence est un processus qui implique une évaluation multidisciplinaire. Plusieurs professionnels de santé peuvent être impliqués, notamment ⁚

• Médecin généraliste ⁚ Le médecin généraliste peut identifier les premiers signes de dysphagie et effectuer un examen physique pour évaluer l’état général du patient.
• Neurologue ⁚ Le neurologue peut évaluer les fonctions cognitives et neurologiques du patient, y compris la capacité à avaler.
• Orthophoniste ⁚ L’orthophoniste est spécialisé dans l’évaluation et le traitement des troubles de la déglutition. Il peut effectuer des tests de déglutition pour identifier les difficultés spécifiques du patient et élaborer un plan de traitement adapté.
• Diététicien ⁚ Le diététicien peut évaluer les besoins nutritionnels du patient et élaborer un plan alimentaire adapté à ses difficultés de déglutition.
• Ergothérapeute ⁚ L’ergothérapeute peut évaluer les capacités du patient à s’alimenter de manière autonome et proposer des aides techniques et des adaptations de l’environnement pour faciliter la prise de nourriture.

Stratégies de prise en charge de la dysphagie

La prise en charge de la dysphagie chez les personnes atteintes de démence vise à améliorer la sécurité alimentaire, la nutrition et l’hydratation, tout en minimisant le risque d’aspiration. Les stratégies de prise en charge peuvent inclure ⁚

• Modifications alimentaires ⁚ Adapter la consistance et la texture des aliments peut faciliter la déglutition. Les aliments épais, mous et faciles à mâcher sont généralement plus faciles à avaler que les aliments solides et secs. Les aliments peuvent être hachés, mixés ou réduits en purée. Il est également important de privilégier les aliments humides et de proposer des boissons fréquentes pour éviter la déshydratation.
• Techniques de déglutition ⁚ L’orthophoniste peut enseigner des techniques de déglutition spécifiques pour améliorer la coordination musculaire et le réflexe de déglutition. Ces techniques peuvent inclure des exercices de renforcement musculaire, des exercices de coordination des mouvements buccaux et des techniques de déglutition modifiées;
• Aides techniques ⁚ Des aides techniques peuvent faciliter la prise de nourriture, telles que des couverts adaptés, des assiettes antidérapantes et des verres à bec. Des systèmes d’alimentation assistée peuvent être utilisés dans les cas où les personnes atteintes de démence ne sont plus capables de s’alimenter de manière autonome.
• Positionnement ⁚ Le positionnement du patient pendant les repas est important pour minimiser le risque d’aspiration. Le patient doit être assis bien droit, avec la tête légèrement inclinée vers l’avant. Il est important de s’assurer que le patient est confortable et détendu pendant les repas.
• Soins palliatifs ⁚ Dans les cas où la dysphagie est sévère et ne peut être améliorée par les traitements, les soins palliatifs peuvent être nécessaires pour soulager la douleur, améliorer le confort et soutenir le patient et sa famille.

Conclusion

La dysphagie est un problème courant chez les personnes atteintes de démence, qui peut avoir des conséquences importantes sur leur santé et leur bien-être. Comprendre les mécanismes neurologiques et les facteurs contributifs à la dysphagie est essentiel pour identifier les personnes à risque et mettre en place des stratégies de prise en charge adéquates. L’évaluation multidisciplinaire, l’adaptation des aliments, l’enseignement de techniques de déglutition, l’utilisation d’aides techniques et les soins palliatifs peuvent contribuer à améliorer la sécurité alimentaire, la nutrition et l’hydratation des personnes atteintes de démence, tout en minimisant le risque d’aspiration et en favorisant leur qualité de vie.

Il est important de noter que la dysphagie est une condition complexe qui peut varier d’une personne à l’autre. La prise en charge de la dysphagie doit être individualisée en fonction des besoins spécifiques du patient. Une collaboration étroite entre les professionnels de santé et les aidants est essentielle pour garantir une prise en charge optimale et améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de démence.