Les actions d’Air Canada (TSX : AC) ont certainement connu une période de turbulence au cours des dernières années. Après une décennie de croissance solide qui a abouti à son inclusion dans le TSX30 de l’année dernière, elle a vu les gains des trois années précédentes anéantis en un seul coup de COVID-19.
La crise a été particulièrement grave compte tenu des restrictions sévères imposées par le Canada sur les voyages aériens, souvent citées comme étant parmi les plus sévères au monde. Calin Rovinescu, le PDG d’Air Canada, a déclaré que les restrictions du Canada équivalaient à “l’un des régimes de verrouillage de l’aviation les plus sévères au monde”.
La situation financière d’Air Canada est-elle précaire ?
Bien qu’Air Canada se soit mise en position de résister à une autre année de fermeture des frontières et de restrictions de voyage, elle se trouve toujours dans une position précaire.
Toutefois, rester en lice bien plus d’un an pourrait s’avérer très difficile, même si Air Canada parvenait à lever 5,5 milliards de dollars supplémentaires en combinant dette, financement et nouvelles émissions d’actions au début de l’année.
Avec une consommation de liquidités estimée à 1,6 milliard de dollars pour le trimestre en cours, et après avoir déjà consommé 2,47 milliards de dollars de liquidités au cours du premier semestre de cette année, la situation se rapproche rapidement d’une position inconfortable. Cette perte de milliards de dollars par trimestre place Air Canada dans une position extrêmement vulnérable si la crise sanitaire mondiale devait à nouveau s’aggraver.
L’érosion des liquidités d’Air Canada pourrait être plus importante que prévu
Il est également possible que la consommation d’argent d’Air Canada soit plus élevée que les estimations actuelles, car une extension des restrictions de voyage vient d’être annoncée hier. Cela pourrait faire grimper la consommation d’argent d’Air Canada au-dessus des prévisions car, selon l’annonce des résultats d’Air Canada pour le deuxième trimestre, “un environnement de demande en légère amélioration” a été intégré dans les estimations.
Les nouvelles restrictions qui affecteront les voyages internationaux ont été prolongées jusqu’au 31 octobre au moins, sans qu’aucune indication ne soit donnée sur la possibilité d’une nouvelle prolongation.
Cette prolongation va maintenant commencer à réduire toute augmentation du nombre de voyages qui aurait pu être prévue pour la période précédant les fêtes de fin d’année. Si elle est prolongée davantage, elle anéantira complètement tout espoir de hausse des recettes des vacances.
Y a-t-il un espoir ?
Il y a encore de l’espoir pour Air Canada et, tant que l’évolution de la crise sanitaire suit les prévisions plus modérées, il n’y a aucune raison de ne pas s’attendre à ce qu’Air Canada survive et fasse un retour en force. Bien que la consommation actuelle de ses liquidités soit problématique à long terme, Air Canada dispose d’une réserve de liquidités suffisante pour survivre, même si la découverte, les essais et l’approbation éventuelle d’un vaccin sont plus lents que prévu.
Les syndicats des compagnies aériennes demandent une aide financière de 7 milliards de dollars
Cette semaine, une coalition de deux syndicats de pilotes et d’Unifor a lancé un appel au gouvernement pour qu’il apporte une aide financière aux compagnies aériennes du pays. La proposition de 7 milliards de dollars ne vise pas à obtenir l’aide du gouvernement, mais plutôt des prêts à faible taux d’intérêt dans le cadre d’un plan de crédit sur dix ans. Selon les syndicats, cette demande s’inscrit dans la lignée des mesures prises par d’autres pays pour tenter de soutenir leurs compagnies aériennes tout au long de la crise.
Un tel dispositif renforcerait certainement la pérennité d’Air Canada. Toutefois, le fait d’étendre sa capacité à survivre à une aggravation grave de la pandémie de COVID-19 ne contribuerait guère à éviter que le cours de ses actions ne dégringole davantage.
À l’heure actuelle, il semble que les prévisions d’évolution de COVID actuellement intégrées dans le cours de l’action d’Air Canada correspondent à une reprise en milieu de parcours suivant la trajectoire actuelle du virus et non à un scénario catastrophe. Mais nous y reviendrons plus tard.
Air Canada envisage de mettre en place un test COVID-19 rapide
Egalement annoncé cette semaine, Air Canada finalise une commande de 25 000 kits de test de réponse rapide ID NOW COVID-19. Les kits, qui renvoient les résultats en cinq minutes seulement, n’ont été approuvés par Santé Canada que mercredi dernier.
“Nous avons compris que nous devrons vivre avec ce virus à court et à moyen terme, et nous avons donc établi des relations et adopté une approche à plusieurs niveaux pour assurer la sécurité de nos employés et de nos clients”, a déclaré le Dr Jim Chung, directeur médical d’Air Canada. Mais au-delà de la sécurité de leur personnel et de leurs clients, le déploiement du test rapide COVID-19 dans le réseau des compagnies aériennes devrait “permettre aux gouvernements d’assouplir les restrictions générales de voyage et les quarantaines actuelles de manière mesurée tout en préservant la santé et la sécurité du public”, selon le Dr Chung.
Si la mise en œuvre est réussie, et si les gouvernements sont prêts à soutenir l’approche de test rapide d’Air Canada pour assouplir les restrictions de voyage, on peut s’attendre à une nette amélioration du nombre de passagers d’Air Canada.
Alors que faire des actions d’Air Canada maintenant ?
Actuellement, les fluctuations du cours de son action se réduisent et convergent vers la barre des 17 dollars par action.
La baisse de la volatilité pourrait être le signe que les investisseurs sont actuellement en attente, le cours de l’action de la compagnie se situant désormais quelque part entre le pire et le meilleur des scénarios.
Mais il est clair qu’un grand changement est à l’ordre du jour. Avec la vague de nouvelles mitigées cette semaine, et un schéma de continuation relativement symétrique sur le graphique quotidien, acheter ou conserver des actions Air Canada en ce moment est un geste risqué qui pourrait soit décoller soit s’effondrer de manière spectaculaire. Pour l’instant, c’est une question de “touch and go”.
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(Image présentée par BriYYZ via Wikimedia Commons)
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