Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, alors que le monde se remettait des traumatismes de la guerre, la psychologie a connu un regain d’intérêt pour les causes des troubles mentaux, en particulier chez les enfants. Parmi les théories qui ont émergé de cette période, celle des « mères frigorifiques » a eu un impact considérable, même si elle est aujourd’hui largement considérée comme dépassée et même nuisible. Cette théorie, qui a pris racine dans les courants psychanalytiques de l’époque, attribuait la cause de troubles tels que l’autisme et la schizophrénie à un manque d’affection maternelle, à une froideur émotionnelle de la part de la mère.
Les fondements de la théorie
La théorie des « mères frigorifiques » trouve ses origines dans les travaux de psychanalystes comme Melanie Klein et Anna Freud. Ces pionnières de la psychanalyse ont mis l’accent sur l’importance de la relation mère-enfant dans le développement psychologique de l’enfant. Selon elles, une mère aimante et attentive est essentielle pour la formation d’un attachement sain et pour le développement d’une personnalité stable.
L’idée de « mère frigorifique » a été popularisée par Bruno Bettelheim, un psychologue américain, dans son livre « The Empty Fortress » (1967). Bettelheim, s’appuyant sur ses observations d’enfants autistes, a avancé l’hypothèse que ces enfants souffraient d’un manque d’affection maternelle, d’un environnement émotionnel froid et distant. Selon lui, la mère autiste était incapable de fournir à son enfant l’amour et la sécurité nécessaires à son développement émotionnel.
Les critiques de la théorie
La théorie des « mères frigorifiques » a été vivement critiquée dès son apparition. Plusieurs arguments ont été soulevés contre cette théorie ⁚
- Manque de preuves scientifiques ⁚ La théorie ne reposait pas sur des données scientifiques solides. Les études menées pour étayer cette théorie étaient souvent biaisées et manquaient de rigueur méthodologique.
- Blâme injuste ⁚ Accuser les mères d’être responsables des troubles mentaux de leurs enfants était non seulement injuste, mais aussi potentiellement traumatisant pour les mères concernées.
- Réductionnisme ⁚ La théorie simplifiait excessivement les causes des troubles mentaux, en les réduisant à un seul facteur ⁚ le comportement maternel.
- Ignorance des facteurs biologiques ⁚ La théorie ne tenait pas compte des facteurs biologiques qui peuvent également jouer un rôle dans le développement des troubles mentaux.
L’impact de la théorie
Malgré ses failles, la théorie des « mères frigorifiques » a eu un impact profond sur la société et la manière dont les parents étaient perçus. Elle a contribué à créer un sentiment de culpabilité et de peur chez les mères, qui craignaient de ne pas être à la hauteur de l’idéal maternel. Cette théorie a également contribué à stigmatiser les mères d’enfants atteints de troubles mentaux, les accusant d’être responsables de la maladie de leur enfant.
La théorie aujourd’hui
Aujourd’hui, la théorie des « mères frigorifiques » est largement rejetée par la communauté scientifique. Elle est considérée comme une théorie dépassée et même dangereuse, car elle a contribué à créer un climat de culpabilité et de stigmatisation autour des mères.
La compréhension des troubles mentaux a beaucoup évolué depuis les années 1940. On sait désormais que les troubles mentaux sont le résultat d’une interaction complexe entre des facteurs génétiques, biologiques, environnementaux et psychologiques. La relation mère-enfant reste un facteur important dans le développement de l’enfant, mais elle n’est pas le seul facteur déterminant de la santé mentale.
Conclusion
La théorie des « mères frigorifiques » a été une théorie controversée qui a eu un impact important sur la société. Bien qu’elle soit aujourd’hui largement rejetée, elle nous rappelle l’importance de la prudence lorsqu’on interprète les causes des troubles mentaux et de ne pas accuser les parents de manière injuste. Il est essentiel de se rappeler que les troubles mentaux sont complexes et qu’ils ne peuvent être réduits à un seul facteur.
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